Les vautours

Les vautours fauve et Percnoptère au Pays Basque.

Ces géants des airs menacés.

Le vautour fauve est une silhouette redevenue familière aujourd'hui au pays basque. Son retour est un bel exemple de réussite de conservation d'une espèce locale. Véhiculant depuis longtemps une image négative car mal aimé et surtout méconnu, cet oiseau majestueux est pourtant un maillon essentiel de la faune de nos montagnes. Son suivi reste nécessaire pour la connaissance des populations. Une espèce moins connue et plus timide commence à faire son retour et à s'implanter dans les Pyrénées, c'est le vautour Percnoptère. Cet élégant timide au look punk rock, unique rapace diurne migrateur en France, doit pouvoir conforter sa population car il reste une espèce menacée dans d'autres contrées. L'association est impliquée dans l'étude et le recensement de ces rapaces nécrophages au Pays Basque.

Généralité

Les vautours sont de la famille des Accipitridae. Ils ont toujours fasciné l'Homme, déjà à l'Antiquité ou au temps des Pharaons, le vautour Percnoptère était assimilé au Dieu Osiris. Ce dernier, le seul vautour migrateur de France et le vautour fauve ont bien failli disparaître de notre territoire au milieu du XXè siècle. Grâce à un énorme travail de conservation et de prise de conscience, notamment par une meilleure connaissance de leur biologie, ils ont fait un spectaculaire retour ces 20 dernières années. Cependant il est nécessaire de suivre l'évolution des colonies et de travailler avec les Etats où le percnoptère migre et est menacé. L'implantation en France de ce dernier est encore timide. Ces deux espèces vivent historiquement dans les Pyrénées, des ossements ont d'ailleurs été retrouvés dans les grottes préhistoriques d'Isturitz et d'Oxocelhaya au pays basque. Véhiculant une mauvaise image de par leur alimentation nécrophage, ils sont complètement inoffensifs bien qu'imposants! Par exemple, le vautour fauve peut mesurer jusqu'à 2.80 m d'envergure, on le reconnait à ses plumes "doigts" (rémiges digitées). Diurnes, ils sont grégaires et vivent souvent en colonie. Les couples sont fidèles à vie jusqu'à la perte de l'un des deux individus. Ils ont un nid propre à chaque couple, qu'ils retrouvent chaque année. La femelle pond un à deux œufs en fonction de l'espèce. Le jeune est élevé jusqu'à l'âge de 4 mois avant sont envol, cependant les parents peuvent continuer à le nourrir. Ils s'aident des courants d'airs chauds ascendants pour monter en altitude afin de planer sur de longues distances sans effort. Ces vols gracieux et silencieux mènent le percnoptère à migrer en Afrique de l'Ouest. En vol, les animaux s'observent les uns les autres afin de trouver une carcasse, ils ont une très bonne vue, l'odorat n'intervenant pas dans leur quête de nourriture. Ils consomment exclusivement des animaux morts, ils ne chassent pas de proies! Ils ont donc un rôle écologique important pour la bonne santé de nos montagnes. Nous vous confirmons qu'ils n'ont jamais emporté d'enfants ou ce genre de légende... Pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont aucune force dans leur pattes pour soulever une proie. Par contre, ils ont un bec acéré pouvant déchirer le cuir. Les menaces qui pèsent aujourd'hui sur ces géants discrets sont l'empoisonnement, l'intoxication au plomb, les tirs de chasse, les collisions avec les lignes électriques et l'électrocution. Les activités de plein air peuvent les déranger lors de la nidification, comme l'escalade, la randonnée, les vols de deltaplane ou parapente. A nous de savoir cohabiter avec eux en les respectants.

Statut de conservation

En France, Les vautours bénéficient d'une protection totale depuis 1976 quelque soit leur degré de menace. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'ils soient vivants ou morts, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter. Certaines espèces sont plus fragiles que d'autres, comme le vautour percnoptère qui a perdu presque 50% de sa population Européenne dans les année 1960. Sa situation est plus que préoccupante en Europe de l'Est où les animaux sont souvent empoisonnés (Bulgarie, Grèce, Roumanie, Yougoslavie) et les populations divisées par 5. Il a disparu de Bosnie et de Serbie ces 10 dernières années.  En France, la population de Percnoptère est morcelée en deux régions, la pyrénéenne et la méditerranéenne. Il est classé comme espèce "prioritaire" selon le ministère en charge de l'environnement et bénéficie d'un Plan National d'Actions ( PNA 2002-2007 et 2015-2024). Il est classé sur la Liste Rouge, en voie d'extinction,  selon l'UICN (Union Mondiale pour la Nature), sa population mondiale ayant drastiquement chutée (Moyen orient 20%, Afrique 25%, Asie centrale 20%, Asie 90%). Ce grand timide n'est donc pas tiré d'affaire et chaque perte de couple est catastrophique pour l'espèce.

Objectifs du Plan National d'Actions (PNA):

L’objectif général du Plan National d’Actions (PNA) en faveur du Vautour percnoptère (Neophron percnopterus) ambitionne de favoriser l’extension et le développement de la population française de Vautours percnoptère. Il répond à la nécessité d’enrayer le déclin des effectifs de la population française, d’accroître la population existante sur l’ensemble de son aire de répartition historique et particulièrement dans le Sud-est méditerranéen, en analysant et en réduisant les causes de mortalité, tout en favorisant l’installation de nouveaux couples nicheurs. L'objectif à plus long terme consiste à la reconstitution d'une aire géographique continue des Pyrénées aux Alpes. Pour ce faire, sept objectifs spécifiques ont été définis :

- Améliorer la connaissance pour mieux gérer et mieux préserver le Vautour percnoptère
- Préserver, restaurer et améliorer l’habitat
- Réduire et prévenir les facteurs de mortalité anthropiques
- Étendre l’aire de distribution et faciliter les échanges d’individus entre les noyaux de population
- Favoriser la prise en compte du plan dans les politiques publiques
- Favoriser son acceptation locale
- Coordonner les actions et favoriser la coopération pour la conservation du Vautour percnoptère
(Source: LPO réseau rapaces)

Les 2 espèces emblématiques du Pays Basque :

  • vautour fauve et percnoptère au pays basque
  • Anatomie


    Les vautours sont taillés pour voler et équipés pour venir à bout des carcasses. Leur alimentation particulière, qui tuerait n'importe quel animal, est digérée par des sucs gastriques puissants qui neutralisent les bactéries. Leur anatomie parfaite, sert cet équarrisseur des montagnes.

    Les ailes/ plumes


    Les oisillons naissent avec un duvet vite remplacé par leurs premières plumes. Les rémiges, ces plumes qui leur permettent de planer. Les ailes du vautour fauve ont par exemple, 10 rémiges secondaires et 6 primaires "doigtées", dites digitée, lui donnant une envergure jusqu'à 2.80 m. La mue (renouvellement des plumes) intervient pendant l'été. Leurs ailes sont larges et longues afin d'avoir une meilleure portance pour planer, de ce fait ils n'ont pas à s'épuiser à battre des ailes. La tête de la plupart des espèces, comme le vautour fauve, n'ont pas de plumes sur le cou mais du duvet, afin de ne pas souiller son plumage lorsqu'il dévore  les carcasses. Le Percnoptère a, quant à lui, la face nue car il vient en dernier dans la chaîne alimentaire et n'a pas à fouiller dans la carcasse. Le plumage adulte complet intervient vers l'âge de 5 ans.


    Photos (A. Magnier/ MNHN/ JC Rivas) :

    Jeune percnoptère à différents stades de croissance.

    Large envergure avec des rémiges digitées et cou recouvert de duvet pour le vautour fauve.

    Le bec


    Les vautours ont un bec acéré. Son utilité est de tailler le cuir ou les muscles des carcasses afin que l'animal puisse s'alimenter au plus vite. Les espèces ont des formes de becs différentes en fonction de leur position dans la chaîne alimentaire. Le vautour fauve intervient souvent en 1er, il a donc un large bec recourbé, alors que le vautour Percnoptère qui intervient en dernier, a un bec fin pour récurer les restes de la carcasse. Chaque espèce a donc un rôle écologique dans la chaîne alimentaire. Grâce à leurs becs, une carcasse est réduite en squelette en quelques heures. La couleur du bec évolue aussi avec l'âge.


    Photos : JC Rivas/ S. Goutenègre MNHN/ E. Baril

    Les pattes


    Les pattes des vautours ne sont pas préhensiles, elles ne permettent pas de transporter des proies, à l'inverse des rapaces noturnes qui chassent avec leurs serres acérées. Elles ont 4 doigts affûtés de serres légèrement recourbées lui permettant de se déplacer en marchant ou en sautillant. Le vautour percnoptère est un grand marcheur, il aime déambuler dans les champs, les charniers ou les déchetteries à la recherche de nourriture. Lors de curée, il intervient après le passage des autres vautours, se faufilant parmi ses congénères plus gros. En vol, les pattes des oiseaux sont recourbées le long du corps et quasi invisibles, sauf lors de la phase d’atterrissage.


    Photos (S. Goutenègre MNHN/ JC. Rivas): Longs doigts fins du Percnoptère. Vautour fauve en mode atterrissage.

    Les yeux


    Le grand public pense souvent que les charognards sont à l’affût des carcasses grâce à l'odeur. C'est faux, ils n'ont quasiment pas d'odorat. Par contre, ils ont une vue perçante et exceptionnelle ! Ils peuvent voir 8 fois mieux que nous! Un oiseau est capable de voir un objet de 30 cm à 300 m de hauteur. En vol, les oiseaux s'observent beaucoup. C'est en repérant leurs congénères qu'ils prennent les courants ascendants ou fondent sur une carcasse. Avec l'âge, la couleur des yeux change.


    Photos : JC. Rivas/ S. Goutenègre MNHN

    Le système digestif


     Les vautours sont des charognards dont le régime alimentaire tuerait n'importe quelle autre espèce. Pour cause, ils ont un estomac en béton avec un PH1 très acide!

    Les puissants sucs gastriques des vautours viennent à bout des bactéries les plus mortelles. Son microbiote (flore intestinale) est composé de Clostridium ou Fusobacterium.

    Alors que l'estomac humain peut contenir près de 1 000 types de bactéries, celui du vautour en compte dix fois moins.

    La nourriture est partiellement digéré dans le jabot. Cependant, lorsque le vautour se restaure sur une carcasse, il ingère de grosses quantités (jusqu'à 1Kg de viande) en un temps record (moins d'1h30). Si il est dérangé, afin de se faire plus léger pour décoller, il peut alors régurgiter sa nourriture...  qu'il avait pourtant patiemment guetté.

    Les fientes apparaissent près de 5h30 après la curée. Pour résumer, en se nourrissant de charognes, les vautours rompent la chaîne de contamination microbienne et parasitaire.


    Photos : Jean Charles Rivas

    Schéma: Edition Hatier


    Une vie en colonie!


    Les vautours ont la particularité, pour certaines espèces comme le vautour fauve, de vivre en colonie plus ou moins importante. Chaque couple y a sa place, avec son nid attitré à chaque saison. Nous suivons depuis 2019 une colonie au pays basque pour y répertorier les naissances.

    L'efficacité du nombre...


    C'est bien connu, le nombre fait la différence. Pour les vautours fauves par exemple, c'est tout aussi vrai pour trouver sa nourriture! Les vautours ne chassent pas à proprement parler, mais explorent leur territoire en quête d'une carcasse. Ils utilisent les courants ascendants en une colonne d'environ 50 individus pour planer sur de longues distances, sans un battement d'aile, afin de s'économiser. Après avoir pris de l'altitude, la colonie se déploie restant en contact visuel les uns des autres. Nous rappelons que les vautours ont une vue perçante, 8 fois supérieure à la nôtre! Dès qu'un des membres repère une carcasse, il descend dessus afin de la signaler aux autres. Ainsi, tout le monde est assuré de manger. Il faut entre 500 gr à 1 kg de viande par jour à un vautour pour être rassasié. Il peut cependant s'abstenir de manger plusieurs jours.

    Pour nidifier c'est un peu la même chose, c'est une nurserie géante où les couples nichent dans des  falaises escarpées, les abritant des prédateurs et de tout dérangement. Une colonie peut se composer de 50 à 90 couples. Un nid peut être distant de moins de 2 m d'un autre. Tous les soirs, après leur longue journée de prospection en quête de nourriture, les couples rentrent à la colonie pour dormir. Ils reprendront leur activité au petit matin. Les vautours sont généralement fidèles à leur site de nidification. Pour les espèces migratrices, comme le vautour Percnoptère qui revient aux beaux jours en France, ce dernier revient au même endroit nicher, d'où l'importance de préserver leur environnement. Cependant, contrairement au vautour fauve, le percnoptère est assez territoriale.

    Les reposoirs sont des plateformes ou des promontoires rocheux où un bon nombre viennent se reposer ou prendre le soleil, aussi bien adultes que juvéniles. Ils peuvent y rester des heures, déployant leurs ailes pour emmagasiner la chaleur et les rayons du soleil.

    Ils sont en général assez silencieux, sauf autour d'une carcasse lors de la curée. Les jeunes au nid par contre sont assez bruyants, réclamant sans cesse à leurs parents, un cri rauque assez typique.


    Photos (S. Goutenègre/ JC. Rivas): Vautours fauve au pays basque. Nid/ Reposoir/ curée.


    Préserver les sites de nidification


    Les falaises sont des sites majeurs de nidification à préserver de toute activité humaine, afin de protéger les populations de vautours. Lors de vos randonnées en pays basque, soyez discret, ne criez pas (le son porte loin en montagne), abstenez vous de pratiquer l'escalade, le parapente, deltaplane et autre planeur. La chasse photographique peut les perturber également. Soyons spectateurs et respectueux de ces créatures afin de les maintenir sur notre territoire.

    Reproduction


    Chez les vautours, le couple est en principe fidèle à vie, jusqu'au décès d'un des deux. La parade nuptiale se déroule en vol où l'on peut observer les deux tourtereaux faire des vols  très rapproché, l'un au dessus de l'autre, à la limite de se frôler. Ils glissent dans les airs en un ballet synchronisé. Chez le percnoptère, on peut même les voir s'agripper l'un à l'autre avec leurs pattes en plein vol. L'accouplement se passe en général sur un promontoire rocheux. Les deux futurs parents s'impliquent dans la construction de leur nid, constitué de quelques branchages. Chez le percnoptère le nid peut être plus fourni, construit avec des matériaux comme des poils, de la laine et des ossements. Ils sont capables de vivre très vieux et s'accoupler très tard. En vieillissant, certains œufs restent clairs.


    Photos (Jean Charles Rivas. Copyright): Accouplement de vautours fauve au pays basque et construction d'un nid. Parade en vol de percnoptères.


      

    Des nurseries à ciel ouvert


    Les vautours sont en règle générale des animaux assez craintifs, surtout le discret percnoptère. Il leur faut pour se reproduire des cavités rocheuses, des falaises, à l'abri des vents, avec une certaine exposition et vierge de toute activité humaine (les fauves étant un peu plus tolérants). Ce qui diminue grandement le choix de site.

    Ces animaux sont fidèles à leur site de nidification, ce qui rend indispensable la bonne gestion de l'utilisation des sites en évitant une surfréquentation de présence humaine.

    Début janvier, les couples de vautours fauves commencent à élaborer leur nid qui se limite à un amas de petits branchages. Après la ponte d'un œuf unique, les parents s'occuperont à tour de rôle de l'oisillon jusqu'à ses 4 mois. Les fauves nichent en colonie allant jusqu'à 40 couples, voire plus. Le Percnoptère, plus territoriale et timide, revient de sa migration africaine en Mars et confectionne son nid avec divers objets: de la laine, des poils, des branchage et des plumes. Il pond entre 1 à 3 œufs, les oisillons les plus résistants élimineront les plus faibles, il n'en reste en générale qu'un seul.  Si ils se sentent menacés, ils peuvent déserter le site. Il a été rapporté qu'un nid de Percnoptère en France était fourni de balles de golf! Les parents ayant certainement pris cela comme des œufs à consommer.



    Photos (S. Goutenègre/ A. Magnier MNHN) :  Oeuf, nouveau-né et juvénile Vautour percnoptère

    (JC. Rivas) : Pontes de vautours fauve et oisillon au nid au pays basque.

    Identifier et suivre les juvéniles


    A des fins de conservation, il est nécessaire de suivre l'évolution des populations et de répertorier les couples nicheurs, tout comme les naissances et le nombre de jeunes à l'envol. Pour cela les spécialistes participants au Plan National d'Actions (PNA), baguent les juvéniles au nid avec des bagues colorées comportant de gros chiffres et lettres aux pattes ou aux ailes afin de les identifier facilement en vol. Nous avons nous même pu répertorier un juvénile en vol. Cela permet : d'observer la croissance et l'établissement du juvénile dans sa colonie et la dynamique des populations. Dans le cadre du PNA, entre 2006 et 2018, 251 percnoptères ont été bagués : 161 dans les Pyrénées et 90 dans le Sud Est.


    Photos (JC. Rivas/ S. Goutenègre) : Vautour fauve juvénile bagué, observé en Mars 2021 au pays basque.

     

    La migration du vautour percnoptère

    Le seul vautour migrateur en France.

    Cet élégant discret est l'unique nécrophage migrateur sur le Territoire national. Neophron percnopterus est classé en voie d'extinction selon l'UICN, il bénéficie d'un Plan National d'Actions (PNA) pour renforcer ses populations en France et travailler avec les Etats qu'il traverse. En France, il existe deux populations distinctes estimées à 90 couples, la pyrénéenne et la méditerranéenne. Ces deux populations traversent l'Espagne pour  migrer en Afrique de l'Ouest/ Sub saharien. Les populations d'Europe de l'Est qui sont les plus menacées (Bulgarie, Grèce, Roumanie) subissant des empoisonnements, traversent le Moyen Orient, pour migrer jusqu'en Afrique de l'Est. Les parents reviennent toujours nicher au même nid, il est donc primordiale de préserver leurs écosystèmes. En Europe de l'Est, la perte de chaque couple est catastrophique pour l'espèce. Il a déjà disparu de Bosnie et de Serbie. Les jeunes ont tendance à migrer pour rester en Afrique jusqu'à leur maturité sexuelle, soit vers l'âge de 4/5 ans. C'est un des rares animaux à être capable d'utiliser un outil! Nous nous intéresserons ici uniquement à la population Européenne et non asiatique (une autre sous espèce).

    Suivi satellite au pays basque.



    Dans le cadre du PNA, en 2015, un immature soigné au centre de soin Hegalaldia au pays basque fût équipé d'une balise GPS avant d'être relâché. La dernière émission de sa balise en octobre 2016 le signalait au Sénégal. En avril 2018, un mâle adulte reproducteur, ayant produit un jeune à l'envol, fût également équipé d'une balise GPS et relâché. Au moment de sa migration en septembre, il entame une traversée de l'Espagne en 6-7 jours,  pour finalement atteindre sa zone d'hivernage en Mauritanie. Il y aurait actuellement 14 couples reproducteurs au pays basque.

    percnoptère au pays basque.
    Aire de répartition du vautour percnoptère
    carte de répartition des couples de vautours percnoptère en France
    Evolution de la population de vautours percnoptère en France

    Les seuls dortoirs connus en France sont au pays basque!


    Le percnoptère est tellement discret, qu'on a découvert que très récemment que les uniques dortoirs connus et répertoriés en France, se trouvaient au pays basque!


    En effet, avant d'entamer leur saison de reproduction, les individus arrivant de leur migration Africaine se retrouvent pour dormir chaque soir dans des dortoirs bien précis, dans des arbres morts. On y retrouve aussi bien des adultes non reproducteurs que des immatures de livrée encore brune. Ces dortoirs, constitués majoritairement d'arbres morts, peuvent malheureusement être la proie des flammes par des écobuages non maîtrisés ou volontaires, ce qui est inadmissible...


    Dans le cadre du PNA, nous surveillons conjointement avec l'Office Français pour la Biodiversité et Saiak, un de ces dortoirs historiques qui a souffert d'écobuage en 2023, ce que nous déplorons. Cela peut avoir de graves conséquences sur l'implantation durable d'une population. Cela les incitent à trouver de nouveaux sites de repos qui correspondent à des critères bien précis et malheureusement peu courants.


    Photos : Vautours percnoptère  recensés au pays basque en mars 2023. JC Rivas.

    Une population qui croît très lentement

    Les vautours ayant une reproduction tardive, les matures ne reviennent pas avant l'âge de 5 ans sur leurs aires de nidification. En France, ces 20 dernières années, on a pu constater une timide augmentation de la population, qui atteint aujourd'hui 90 couples. L'espèce est toujours en sursis.

    Empoisonné en Europe de l'Est

    Dans tous les pays où il nidifie en Europe de l'Est, Roumanie, Bulgarie, Grèce, le percnoptère est régulièrement empoisonné par les carcasses qu'il consomme. Il est également sujet à l'intoxication au plomb... Depuis les année 60, la population a été divisé par 5. Il est évidemment strictement interdit de les tuer.

    Une espèce timide

    Bien que territoriale, sur son aire de nidification ce rapace de petite taille rentre en compétition avec les vautours fauve beaucoup plus gros pour les cavités rocheuses et falaises. Il en va de même quand il se nourrit, cette espèce intervient en dernier dans le processus de nettoyage d'une carcasse. Il peut se faire piquer son repas par d'autres espèces.

    Routes migratoires périlleuses

    Les populations d'Europe de l'Est sont soumises à une forte pression des activités humaines : En plus de subir des empoisonnements sur leurs sites de nidifications, ils traversent lors des migrations des territoires en guerre ou instables (Liban, Syrie, Israël, Palestine).

    Plan d'élevage européen (EEP) du vautour percnoptère.


    A titre professionnel, plusieurs membres de l'association (Aurélie, Stéphanie, Sébastien et Pierre notre vétérinaire) participent au Plan d'Elevage Européen du vautour percnoptère en tant que soigneurs animaliers au sein du Muséum National d'Histoire Naturelle. Le couple reproducteur, dont Sébastien et Stéphanie s'occupent, se reproduit régulièrement. Leurs descendants sont répartis dans plusieurs parcs zoologiques européens. Les œufs fécondés sont confiés à Aurélie qui les incubent artificiellement et les élèvent jusqu'au stade juvénile pour un meilleur taux de survie. En 2016, dans le cadre de ce plan, un juvénile incubé et née à la Ménagerie du jardin des plantes fut confié à une équipe Bulgare à des fins de réintroduction, dans le but d'étudier sa migration. Après plusieurs semaines de suivi satellite, l'oiseau avait atteint son site d'hivernage au Niger.

    Le vautour percnoptère est aussi un grand marcheur! Dans la nature, il aime déambuler dans les pâturages à la recherche de bouses de vaches. Ici, une femelle reproductrice à la Ménagerie du Jardin des plantes.

    Vidéo: S. Goutenègre/ MNHN.

    carte de migration du vautour percnoptère en Afrique de l'Est

    La tradition pastorale au pays basque.

    La région des Pyrénées, et particulièrement le pays basque, offre un gage de survie aux différentes espèces de vautours grâce au pastoralisme. En effet, la culture pastorale bien implantée au pays basque a toujours façonné et entretenu le paysage de moyenne montagne avec les différentes espèces d'ongulés et bovidés montées en estives. Sans compter la race locale d'équidé, le Pottok, qui fait l'objet d'un regain de popularité et qui vit librement dans les montagnes basques. Il est une source de nourriture non négligeable pour les nécrophages. Les vautours et les bergers sont intimement liés, les uns ayant besoin des autres et vice versa. Sans cette activité pastorale qui maintient la montagne vivante, des populations de vautours pourraient disparaître.

  • Chasse aux vautours au pays basque au XXème siècle.

    Le pastoralisme: la solution pour le maintien des populations de vautours?


    Au pays basque et dans les Pyrénées, la tradition pastorale est toujours très présente. Les bergers permettent aux troupeaux de brebis d'entretenir les montagnes et de maintenir les milieux ouverts. La survie des vautours est intimement liée à cette activité. C'est ce qui a permis la reconquête des Pyrénées par le vautour fauve qui a failli disparaître au milieu du XXè siècle. Après avoir traîné une sale réputation de charognard et persécuté, la population de vautours fauve a regonflé à partir des années 80, notamment grâce à la mise en place de charnier et de plateforme de nourrissage. Cette pratique très largement répandue en Espagne a permis notamment à la population nichant sur le pays basque français de se nourrir.  Afin de limiter l'explosion de la population de vautours, l'alimentation des charniers a ensuite été interdite en France dans les années 2000. Ces animaux nécrophages ayant moins de ressources alimentaires, on a pu observer quelques cas isolés d'animaux d’élevage attaqués souvent lors de vêlage, ou attiré par les restes de placenta. Les conséquences de cette interdiction ne se sont pas faites attendre, s'en est suivi une stabilité et une légère diminution des populations. En Espagne, l'alimentation des charniers a de nouveau été votée afin de préserver notamment le fragile retour du Percnoptère. En France, cela reste interdit mais toléré. Les coûts d'envois à l’équarrissage pour les éleveurs n'étant pas négligeables, c'est un échange de bon procédé pour les deux parties! Les uns ayant besoin des autres et vice versa!

    Les pottoks, petits chevaux sauvages basques, étant élevés librement en pleine nature, sont également des sources alimentaires complémentaires pour les vautours.

    Les vautours jouent un rôle écologique majeur dans l'écosystème montagnard. Ils participent au nettoyage des montagnes en jouant le rôle d'équarrisseurs, évitent la prolifération bactériologique, le développement des mouches, la pollution des cours d'eau par ruissellement des liquides corporels. Ils sont essentiels à la bonne santé de nos montagnes.


    Photos : S. Goutenègre, JC. Rivas, E. Baril.


    5 septembre,

    ,

    Journée mondiale


     du vautour

    Les vautours jouent un rôle essentiel dans nos écosystèmes de montagne. Ils font parti intégrante du paysage montagnard. Ces charognards furent souvent persécutés, au bord de l'extinction. Certaines espèces ont bien failli disparaître. Encore aujourd'hui, les populations de vautours disparaissent de certaines régions européenne. Ensemble, faisons mieux connaître ces géants discrets et timides. Sachons les respecter et pratiquons la montagne en sachant préserver leur environnement si fragile.


    Ensemble, célébrons, protégeons et admirons les vautours dans nos montagnes!

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